Lexique identitaire

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MASSIF CENTRAL

L'évolution politico - médiatique récente de la notion oblige à rappeler la seule réalité tangible et allant de soi : le Massif Central est un ensemble de géographie physique. Il est constitué principalement de plateaux compacts, accidentés de gorges, cristallins et métamorphiques sur 70 à 80 % de son étendue de 78000 km². Le reste comporte les plateaux secondaires calcaires des Causses et de plaines sableuses ou marneuses tertiaires : Limagnes de l'axe de l'Allier, Forez et plaine de Roanne sur l'axe de la Loire; plus quelques bassins d'ampleur réduite (Le Puy, Emblavès, Le Malzieu, Aurillac...); et les plus grandes surfaces volcaniques d'Europe en un alignement occidental principal (chaîne des Puys, Dore, Cézalier, Cantal, Aubrac), deux alignements orientaux secondaires (Devès; Meygal - Mézenc - Montagne vivaroise - Coirons)) et des pointements isolés multiples parsemés entre eux. L'Auvergne est au coeur du Massif. Elle en est la partie la plus diversifiée, disposition heureuse qui lui a valu la complémentarité fructueuse de ressources variées et des paysages d'une grande valeur esthétique et touristique. Mais on doit aussi tenir compte de deux autre caractéristiques importantes: 1. Le Massif Central est plus élevé au Sud et à l'Est. Par suite, la majeure partie des cours d'eau et les plus importants s'échappent vers le Nord (bassin de la Loire) et vers l'ouest (bassin de la Dordogne), ce qui facilite les relations dans ces directions. L'Auvergne est à la charnière des deux. Les hauteurs compactes de l'Est et du Sud n'ont pas été un obstacle à l'époque des troupeaux itinérants et de l'animal de bât. Elles le sont devenues avec le roulage, les chemins de fer, les routes modernes. Les travaux cyclopéens des autoroutes (A 75, éventuelle A 88) corrigent en partie ces désavantages, mais ne peuvent les combler entièrement. 2. Le Massif Central étend une "ombre portée" très loin en avant de ses limites par l'intermédiaire de vastes épandages de sables siliceux tertiaires, essentiellement dans la direction de la pente naturelle, vers l'Ouest et vers le Nord : sables éocènes sidérolithiques (contenant des nodules de fer qui furent utilisées par la métallurgie) en Périgord et en Charente, sables de toutes les époques en Poitou, Berry, Nivernais (certains sont allés jusque dans le Bassin Parisien central, donnant la Forêt d'Orléans et d'autres épandages). Ces sables, particulièrement abondants et épais dans l'axe des rivières principales y sont restés plus présents, cloisonnant les bas plateaux calcaires (par exemple ceux du Cher coupent en deux la Champagne berrichonne). Ils sont peu fertiles, cause de faiblesse dans l'architecture des régions concernées; d'autre part, ils ont projeté les paysages et l'économie agricole du Massif Central loin en avant des limites géologiques du socle. Ils ont ainsi créé des solidarités importantes entre les Charentes, le Berry, le Nivernais et les contrées voisines situées sur le socle (Limousin, Marche, Bourbonnais...) Du point de vue de la géographie humaine, le Limousin au sens étroit du terme est entièrement compris dans le Massif. L'Auvergne de même. Le reste a toujours été rattaché à des provinces, territoires ou régions périphériques, les relations centrifuges y ont toujours prédominé : à l'Est vers le grand couloir de la Saône et du Rhône, au Sud-Ouest vers le bassin d'Aquitaine, au Sud vers le Bas Languedoc. Les anciens géographes ont créé une illusion reprise par les aménageurs en considérant le Massif Central comme une entité humaine unique. Cela pouvait avoir une portion de vérité à l'époque des genres de vie "traditionnels", mais la vie de relations a toujours été largement centrifuge, même au coeur du Massif. La géographie humaine et économique d'après 1950 avait corrigé cette erreur. Mais actuellement [2000 - 2001] elle fait un retour en force. Sous prétexte de "grande région de poids européen", d'une union qui fait la force des demandeurs d'équipements et de subventions auprès de "Paris" et de "Bruxelles", la notion de Massif Central a été relancée. Dans un premier temps, elle fut un moyen de coordination commode (par exemple par l'intermédiaire de l'ADIMAC dont la circonscription, discutable à l'Est et au Sud-Ouest, comprenait intelligemment le Berry). Actuellement, avec des contours qui ne parviennent pas à sortir du flou (17 ? 18 ? 20 départements ? ), se confondant parfois avec la circonscription ADIMAC (ce serait "le moins pire"), mais déplorablement coupée de contrées actives qui sont pourtant contenues dans les limites du Massif Central (Loire, Rhône, Saône-et-Loire, Nièvre), absurdement étendu par contre à des portions de départements méridionaux qui n'ont rien de commun avec le Massif Central sauf un peu de granite et la recherche de subventions, ce "nouveau Massif" mérite un jugement nuancé mais clair :
  • D'une part, il pourrait avoir des conséquences utiles s'il mettait à profit la croisée d'autoroutes de Clermont pour élargir le rayonnement de l'Auvergne et de sa capitale et développer des relations mutuellement profitables aux différentes régions.
  • Mais il faut bien voir qu'une région pauvre, peu peuplée, en déclin démographique n'aura pas la force de fédérer réellement des étendues divergentes aussi vastes. Les promoteurs du Massif Central nouvelle formule en doutent eux-mêmes, puisqu'ils se défendent de vouloir former une nouvelle région, quoique leur programme qui s'élargit sans cesse est une façon de jeter les bases d'une telle grande région sans le dire. Aussi est-il à craindre que faute d'une vision des rapports entre les grandes villes du Massif, ces promoteurs travaillent pour le roi de Prusse. Déjà, Lyon et Montpellier sont sur les rangs pour chapeauter le Massif (voir aussi à Languedoc). Seul l'anneau urbain de la France centrale pourrait "faire le poids" face à elles.
  • La promotion médiatique massive du "nouveau Massif Central" s'est accompagnée d'une quasi-disparition du nom de l'Auvergne. Même s'il y a des raisons circonstancielles et de politique conjoncturelle à cette situation, elle risque d'entraîner plus durablement un effacement de l'identité auvergnate (et d'autres régions) une amnésie organisée et programmée sous prétexte de "modernité" envers notre riche patrimoine qui devrait être considéré comme un bien inaliénable, au dessus des partis et des modes.
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