- IDIOMATISME
- ILLUSTRATEURS LITTéRAIRES DU cantal en langue française
- Intercompréhension
ILLUSTRATEURS LITTéRAIRES DU cantal en langue française
On ne saurait trop regretter que les dialectes auvergnats nord-cantaliens du Sanflorain et du Mauriacois aient eu peu d'expression littéraire. De grandes richesses se sont ainsi perdues. A côté de Marie-Aimée Méraville, qui a suppléé au plus près à ce manque tant son français s'enracine dans le parler vernaculaire de son enfance, le Cantal du Nord a cependant fourni des illustrations remarquablement évocatrices chez plusieurs écrivains de langue française. Ils ont écrit pour la plupart en émigration, ce qui a pu aiguiser leur nostalgie ou exalter l'idée qu'ils se faisaient du pays natal et de ses gens. La diversité des tempéraments permet de couvrir un vaste spectre de l'identité de la Haute-Auvergne, ce qui mériterait bien une anthologie.
- Jean Ajalbert (1863 - 1947) né - et enterré - à Bredons, avocat à Paris, romancier exotique à succès et membre de l'Académie Goncourt, fut aussi un défenseur vigoureux des Auvergnats de Paris, contribua de manière décisive au succès d'Arsène Vermenouze et regroupa ses écrits les plus significatifs dans un recueil de synthèse, Auvergne (1939).
- Gandilhon Gens d'Armes (1871 - 1948), né à Murat d'une famille de Lavigerie, devenu fonctionnaire à Paris, créateur de la Veillée d'Auvergne (1909), collaborateur assidu de L'Auvergnat de Paris, a fait flamboyer le pays des volcans avec une violence épique dans ses Poèmes arvernes: Fresques et Médaillons (1927), La Légende des Monts et des Hommes (1932). Roger Gardes (in : Auvergne, Encyclopédie Bonneton 1985) a justement souligné que c'est "une véritable Légende des Siècles auvergnate" et relevé "le ton épique, le vocabulaire coloré, le rythme ample de l'alexandrin [qui] animent cette vision de l'Auvergne intégrale". Par ce style, il date parfois, mais la force du verbe, la puissance des images emportent malgré tout l'adhésion. Comme Ajalbert, il ferrailla beaucoup pour l'Auvergne, sa langue, sa dignité : outre ses innombrables chroniques dans L'Auvergnat de Paris on peut souligner par exemple la justesse des réflexions qu'il donne dans la préface à Flour de Mountagno de Benezet Vidal (un poète banal).
- Léon Boyer (1883 - 1916), né à Falgères de Marchastel, mais instituteur à Cusset, sut aussi tirer de l'alexandrin beaucoup mieux que maint rimailleur attardé dans les exercices scolaires. Malgré un titre peu engageant, Genêts et rocailles, recueil posthume car il fut tué à la bataille de Verdun, réunit des pièces d'une grande justesse de ton et où le sentiment profond du pays sublime la description.
- Voir à l'article Artense la recension de l'oeuvre très forte de Léon Gerbe qui, n'hésitant pas à forcer le trait à la manière d'un véritable sculpteur maniant le burin, atteint parfaitement son but qui est de donner de l'Artense un portrait en relief fait de force et de drame, bien apte à marquer l'esprit du lecteur (Au pays d'Artense, in : L'Auvergne Littéraire n° 63, mai-juillet 1932, de Bussac, Clermont-Ferrand).
- Quant à Pierre Besson, il nous restitue une image à la fois familière et dramatique de la vie montagnarde et pastorale dans le haut pays de Cheylade dans Un pâtre du Cantal (Paris, Delagrave 1914) dont le sommet est l'histooire tragique du "paure Barbat" qu'on ne saurait oublier après l'avoir lu (ayant eu le malheur de trouver avariée une partie de sa production de fromage, il alla la jeter au loin; mais trahi par des paroles prononcées dans son sommeil, il se suicide).