- IDIOMATISME
- ILLUSTRATEURS LITTéRAIRES DU cantal en langue française
- Intercompréhension
Intercompréhension
C'est la compréhension mutuelle, chacun parlant dans son langage propre. Une intercompréhension véritable ne se limite pas à des échanges embryonnaires, mais doit s'étendre à l'ensemble de ce qu'on dit. C'est pourquoi l'affirmation de l'intercompréhension entre les langues d'oc (voire le catalan !) est un leurre ou un bluff propagandiste, surtout lorsqu'il s'agit de l'auvergnat, langue - charnière dont le versant septentrional en particulier est lié étroitement à l'aire médioromane. L'intercompréhension était plus large et plus facile autrefois en Auvergne même, lorsque les gens parlaient l'auvergnat toute la journée, avec tous les interlocuteurs, en tous lieux (foires et marchés, etc...) : leur oreille était habituée aux différences et leur cerveau établissait automatiquement les correspondances. L'usage sporadique de la langue, son repli sur un milieu restreint (famille, amis, générations âgées d'un même village), le recul de l'oralité au profit de l'écrit qui ossifie, voire accentue les différences, provoquent la résorption de ces formes spontanées d'intercompréhension. Même avec le secours d'une initiation appropriée par l'étude ou l'enseignement, les exigences de la vérité contraignent à dire qu'elle ne va pas de soi dans toute l'Auvergne (quant à celle dans la prétendue aire d'oc, ce n'est rien d'autre qu'une pétition de principe sans aucune concrétisation solide dans la réalité). Quatre phonétiques (occidentale et orientale, septentrionale et méridionale), la fragmentation des parlers et les évolutions spécifiques de l'aire limagnaise, le fort particularisme du Cantal du Nord (Sanflorain et plus encore Mauriacois à cause de la spécificité de son vocabulaire) sont les obstacles principaux. Il ne faut pas se complaire dans les illusions : ils ne pourraient être entièrement surmontés que par ceux qui se rallieraient au moins dans l'usage culturel et relationnel à une forme commune de langue (voir ALEP) dont avait déjà rêvé Ch. A. Ravel (voir avernat). Aussi, pour le public extérieur, même sympathisant, il est plus réaliste et d'ailleurs bénéfique de faire tout pour la perpétuation des formes dialectales (sinon étroitement locales) de la langue auvergnate, en tant qu'instrument inégalable d'enracinement identitaire et de conscience de la dignité de notre héritage régional particulier (notre "bien propre" selon Pierre-Jakez Hélias).