Lexique identitaire

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– L- INTERVOCALIQUE

Entre deux voyelles et derrière a, o, ou, l prononcé palatalement (la langue venant toucher le palais dur) s'est transformé dans une grande partie de l'Auvergne du Sud où ses aboutissements caractérisent des secteurs dialectaux bien différenciés : Cette dernière évolution est postérieure aux deux autres et s'est développée à leur détriment jusqu'à Brioude, Saugues et le Malzieu. Cette transformation ne touche que les mots populaires , c-à-d le fonds autochtone de la langue. Des centaines de termes de grand usage sont concernés. Ce n'est donc pas un phénomène anecdotique. Il n'est pas non plus accidentel. Au contraire, sa signification est très grande : une transformation consonantique, modifiant la charpente du mot, le rend beaucoup plus difficilement reconnaissable qu'une transformation vocalique. Elle ne peut se produire que dans un certain isolement. Le passage de -l- > v, g, rh, fort ancien (haut et bas moyen âge) témoigne donc d'une rupture importante et prolongée des relations courantes entre le Nord et le Sud du Massif Central, entre l'Auvergne du Nord et les contrées restées dans l'orbite du monde méditerranéen, au moins dans la vie de tous les jours des sociétés paysannes qui recherchaient l'autarcie; cela montre aussi le basculement définitif de l'Auvergne septentrionale vers l'aire médioromane de la France médiane au temps où se formait et se caractérisait la langue auvergnate. Le phénomène résultant d'un déplacement assez faible du point d'articulation s'est cependant parfaitement stabilisé, ce qui suggère que des modèles urbains ont joué en sa faveur ( Saint-Paulien, Brioude; voir (Le) Puy et Saint-Paulien et Brivadois). Mais en même temps, il peut arriver, à cause de la faiblesse de ce déplacement que dans des secteurs rares et peu étendus (par exemple autour de Champeix) les trois évolutions se retrouvent voisinant immédiatement. En Artense, on peut observer localement des confusions résultant des interférences entre les aires de -v- médian et de -g- mauriacois: par exemple des imparfaits en -agà issus d' -avà. Aux confins de l'Aurillacois, -l- tend à se transormer en (w), écrit u. La série complète est donc, sur l'exemple de palà : pelle : pavà, pagà, parhà, pauà. En tant que phénomène géohistorique, on peut penser que la formation de ces aires eut lieu parallèlement au développement d'une agriculture polyculturale à tendance autarcique, restreignant l'horizon des relations de la masse de la population paysanne (et naturellement aussi à la résorption des échanges à distance après l'effondrement de l'Empire romain).  
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