Lexique identitaire

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NOËLS EN LANGUE AUVERGNATE

Apparu en France du Nord et en français, le genre littéraire des Noëls, à la fois savant et populaire, a touché toutes les régions, en français (en Auvergne aussi) et en langue régionale. La production en langue auvergnate (plus de 50 pièces) est une des plus originales. Elle fut le banc d'essai de la littérature vernaculaire. Principales étapes, auteurs principaux, évolution des thèmes :
  • Au XVI° siècle, deux auteurs, le Riomois Chaduc et surtout le Clermontois François Pezant : une douzaine de Noëls dont le célèbre Barjeir chantem tout Noé, repris et adapté dans divers parlers jusqu'en plein XIX° siècle. Beaucoup font écho aux malheurs du temps, à la faim, aux exactions.
  • Au XVII° siècle (prolongé jusqu'en 1711) une douzaine d'auteurs, une quarantaine de pièces. Les meilleures plumes auvergnates y ont participé, dont Laborieux (Noël des Grands Jours) et Gabriel Pasturel (trois Noëls parmi les plus émouvants : Vous z-aveiz be beo rire..., A ! Grabié, a ! miziérable..., En Diau dïn-t-unà crechà). Mais à côté des Clermontois, le mouvement s'étendit jusqu'aux Dore (le curé Bourg), au Sud du Velay (Natalis Cordat : Autre Noël pour le jour de la Circoncision 1635 dit "Noël de la Peine",remarquable par son atmosphère dramatique), enfin l'avocat montluçonnais [Bia] Gilbert Cheville (deux longs Noëls de 1710 et 1711). Ces pièces épousent l'évolution du temps : d'abord empreintes de loyalisme monarchique, reconnaissantes à la monarchie absolue de la paix civile rétablie (avec une certaine assimilation entre le Christ et Louis XIV), elles mettent ensuite l'accent sur la misère et la lassitude d'une population saignée à blanc par les dépenses somptuaires et guerrières du Roi Soleil.
Ce sont donc non seulement les premiers documents authentiques de la langue - quoique sous une forme quelque peu francisée -, les éclaireurs de la littérature en auvergnat, mais aussi des documents dont la valeur historico - sociologique est très grande et dont on s'étonne que les historiens n'aient pas davantage fait usage. Sur les Noëls en langue auvergnate, voir Bïzà Neirà n° 19 (1978), 21 (1979), 24 (1979).
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