Lexique identitaire

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ECRITURE ET GRAPHIE

Le mot "écriture" recouvre des sens très divers. Nous le prenons ici dans celui de "système d'écriture d'une langue". De ce point de vue, on note une constante : tous ceux qui ont écrit consciemment l'auvergnat sous son nom et dans ses formes authentiques ont pratiqué un phonétisme modéré : l'écriture cherche à se tenir au plus près de la parole, sans excès de méticulosité ni signes cabalistiques compréhensibles seulement par quelques initiés. L'auvergnat étant une langue latine, les lettres appartenant à d'autres systèmes (k, w) ou purement savantes (x, y) sont en général écartées (y fut cependant assez utilisé). La graphie est la technique de représentation de l'écriture. L'écriture auvergnate, qui a rationalisé les traditions de phonétisme modéré : 1) maintient toutes les conventions du français qui ne sont pas gênantes, irrationnelles ou source d'erreur, car les Arvernophones sont tous (et maintenant avant tout) francophones, ils ont subi le dressage orthographique français, on gagne du temps et de l'efficacité en n'imposant pas de désapprendre et de réapprendre, cela permet de consacrer les efforts sur l'essentiel : l'étude de la langue elle-même; ainsi ou exprime le même son qu'en français. 2) élimine les faits disparus de la langue qui risqueraient de tromper sur la prononciation réelle : groupes de consonnes, -s du pluriel sauf dans les aires et cas résiduels où il est effectivement prononcé : cette élimination du -s est une constante dès les écrits des XVI° et XVII° siècles. 3) a élaboré des conventions spéciales faciles à assimiler pour représenter les faits propres à la langue : ainsi ï et ü pour signaler les mouillures. 4) a mis au point des conventions de recouvrement pour rendre les variantes constamment correspondantes d'un même son. La plus notable est à, véritable emblème de la langue; on peut aussi signaler ch, j, lh... 5) accepte par contre toutes les différences irréductibles, comme la transformation de l intervocalique en v, g, rh en Auvergne médiane et méridionale. 6) il n'y a jamais de convention indirecte, à deux ou plusieurs étages, toutes sont directes : par exemple la règle selon laquelle s et z sont chuintés (chuintement) devant i et u. 7) des consonnes non prononcées ne sont admises que dans un nombre très limité de cas, pour distinguer des homonymes (cand : quand; cant : combien), des personnes de la conjugaison et indiquer le mode de formation du féminin, où une consonne non prononcée au masculin reparaît devant . 8) toute surcharge, tout archaïsme d'origine étymologique sont en principe exclus, sauf -m de la 1° personne du pluriel des verbes qui permet la distinction sûre par rapport aux formes de la 3° personne du pluriel. Dans ce cas, -em se prononce (in), -om = (on), -am = (an). Une étude détaillée de ce système efficace, assimilé vite et facilement a été donnée par P. Bonnaud : Ecrire l'auvergnat, Chamalières, Cercle Terre d'Auvergne 1982.
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