EQUIPEMENTS ( GRANDS )
On entend souvent des plaintes sur l'abandon dans lequel se trouverait l'Auvergne et plus généralement les régions de la "France pauvre" dans lesquelles on se place volontiers pour justifier les réclamations. "L'aménagement" est une tarte à la crème de la démagogie électoraliste et du misérabilisme quémandeur. L'orientation prise par le monde devient si claire qu'à terme de tels comportements sont sans espoir. Il serait plus approprié de s'efforcer à une analyse sans faux-semblants. Celle-ci montrerait deux tendances antagonistes :
- d'une part, le capitalisme a une tendance congénitale à redevenir "sauvage" sous couvert de libre concurrence. On a pu le percevoir dès les années 80, lorsqu'il est devenu évident que l'URSS n'était plus un contre-modèle pour personne et que par conséquent la tendance naturelle à l'émergence des plus actifs et des plus forts et à la marginalisation des plus faibles ou des plus indolents s'exerçait à nouveau plus librement; et ce cours s'est accéléré depuis 1989. Malgré les déguisements ordonnateurs (OMC, objectifs sociaux proclamés, discours sur l'aide au tiers monde) la logique implacable du mondialisme sévit. Vouloir la combattre au nom du social est voué à l'échec : outre la puissance dominante des Etats-Unis, qui donne le ton en sens inverse, il faut voir que les gens veulent des prix bas, garantie de pouvoir d'achat maintenu ou élargi, ce qui condamne aussi à la marginalité les espoirs sur "la qualité payée à son prix". On ne pourra longtemps tenir le double langage incompatible de la concurrence mondiale, garante de prix bas, et du "maintien des avantages sociaux acquis" . Les remèdes, s'il y en a, seront économiques : notamment la juste évaluation des coûts de transports qui, artificiellement abaissés par l'entretien des moyens de circulation sur le dos des contribuables, permet de privilégier la concurrence de produits lointains et entraîne des pollutions et gaspillages inutiles, tout en ruinant des complémentarités à courte et moyenne distance qui ont longuement fait leurs preuves.
- Inversement, malgré tout ce qu'on peut prétendre, la République française maintient pour l'essentiel l'égalité des services fournis aux citoyens : les chemins sont goudronnés et assez bien déneigés (rien ne saurait être parfait !), le transport scolaire n'est pas l'idéal, mais il est régulier et bon marché, il y aura toujours un hélicoptère pour acheminer rapidement un grand blessé, etc... Pendant que certains aménageurs en chambre refont inlassablement la carte de France, les véritables responsables de l'aménagement du pays (hauts fonctionnaires capables, DDE, etc...) réalisent des travaux efficaces : depuis la Libération, si l'agglomération parisienne (question de poids de la population, des richesses et des problèmes; nécessité d'un pôle économique puissant face à d'autres en Europe) a été la première servie, on a : équipé l'axe Seine - Saône - Rhône; puis développé la côte méditerranéenne; puis stimulé le "Grand Ouest" (phase non achevée); maintenant la poussée de développement se porte vers le "Grand Sud-Ouest".
- Vulcania : le succès du modèle "Futuroscope" décroît. Les touristes, de plus en plus futilisés, préfèrent le type Disneyland. Il y aura des clients, certes, mais les prévisions optimistes deviennent douteuses.
- Plaine de Sarliève : la Grande Halle d'Auvergne aura des parkings immenses qui seront surtout utilisés distractivement les soirs et en fin de semaine. Ne pourrait-on les mettre à profit les jours ouvrables ? Le centre de Clermont devenant impraticable, ce fait nuit à l'attractivité de la ville. On voit déjà, d'autre part, sur les parkings des zones commerciales d'Aubière et de la Pointe de Cournon, des immatriculations fort lointaines. Cela devrait guider vers une sorte de "Centre Deux" clermontois, offrant une gamme très large de services et point seulement de produits : ce qui stimulerait massivement le rôle "grand-régional" de Clermont.
- Les aménagements en voie d'achèvement autour de la Place du 1° mai ( Polydôme, Centre République, nouveau stade Michelin et bientôt l'hôpital de la mère et de l'enfant) comblent le vieux hiatus entre Clermont et Montferrand. Mais il serait peut-être temps de faire une pause : car si les voitures, qui rencontrent déjà des difficultés de stationnement, ne peuvent s'arrêter commodément, rien ne pourra surmonter le blocage. Il est clair que les efforts en faveur des transports en commun ne pourront jamais parvenir à supplanter la voiture individuelle tant que les conditions objectives ne condamneront pas cette dernière.
- Puisqu'il est question de vie urbaine, il est capital de songer aux conditions de celle-ci. Un équipement absolument fondamental pour les améliorer, c'est la déviation des routes traversant les petites villes, bourgs et villages. Comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, une multitude de petits chantiers vaudraient un très grand équipement dans ce domaine. Ce serait rentable à tous points de vue : paix des riverains, moins d'accidents, fluidité du trafic. N'est-il pas stupéfiant de voir le retard de ces déviations en France, alors que l'Italie, bien plus densément peuplée et donc ayant moins d'espaces libres et des frais d'expropriation plus élevés, avait déjà réalisé une grande partie des déviations il y a plusieurs décennies ?