Lexique identitaire

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VELAY, VELLAVES

Le grand public ignorant de l'histoire confond souvent le Velay et la Haute-Loire. Or, celle-ci réunit aussi le Brivadois (Basse-Auvergne) et le Pays Saugain (Gévaudan). L'histoire tardive (fin du moyen âge, époque moderne) avait rattaché le Velay au Languedoc, pays d'Etats, d'où un régime fiscal relativement privilégié sous l'Ancien Régime, ce qui a laissé des nostalgies et occasionné certaines erreurs d'appréciation dans le public érudit local. Cependant les Vellaves [prononcez ve-lave] avaient été clients des Arvernes et leur civitas (cité) dont le Velay procède avait eu pour oppidum principal le plateau de Briton, proche des limites des Arvernes, puis jusqu'au VI° siècle, Ruessio (Saint-Paulien) non loin. Un curieux antagonisme démarcatif a été développé tardivement entre Brivadois et Velay. Aujourd'hui, il ressemble plutôt à un jeu et on en parle en riant. De la même façon, quelques érudits conservateurs vellaves, adeptes du provincialisme, ont créé au XIX° siècle le mythe du Col de Fix, frontière sévèrement surveillée de l'Auvergne et du Velay. Il est de nos jours entretenu dans des intentions tout autres par d'autres milieux, adeptes de chimères méridionales qui n'ont pas de bases sérieuses ni dans le passé ni à plus forte raison dans la réalité actuelle. Pourtant, du point de vue de la langue, le Col de Fix ne correspond à rien: le Velay se partage en trois bandes Ouest-Est en continuité avec celles de l'Auvergne: Nord (auvergnat septentrional, Craponne et Yssingelais); Centre (auvergnat médian, la plus grande partie, bassin du Puy et plateaux environnants); Sud auvergnat méridional, Pradelles, Le Monastier). Par ailleurs la division méridienne la plus nette est bien plus à l'Est (voir Le Puy et Saint-Paulien). Des traits évolutifs bas-auvergnats recouvrent une grande partie du Devès. Pour les particularités des territoires à l'Est de la Loire, voirProtestants du Velay et Yssingelais). A part l'abbé Natalis Cordat (Noëls au XVII° siècle) et le médiocre auteur de théâtre Clet (Monsieur Lambert, XVIII ° siècle), l'éveil littéraire vernaculaire fut tardif en Velay: au XIX° siècle avec l'influence félibréenne qui a joué en faveur des formes méridionales de la langue, ce qu'on peut regretter car le Centre est plus vaste, plus peuplé (Le Puy s'y trouve) et ses parlers sont plus originaux. Du moins le Velay a-t-il fourni au XX° siècle le plus grand prosateur "traditionnel" de l'Auvergne, Emile Brun, dit Mile Touénabrus. En langue française, la principale gloire vellave est Jules Vallès, dont la petite patrie n'était pas le souci principal. De nos jours, le Velay est dans l'orbite économique de Saint-Etienne et de Lyon, vers lesquelles se font la plupart des migrations et dont proviennent les stimulations économiques. Il y a cependant toujours eu un courant vers Clermont et l'Auvergne et un autre vers le Bas-Rhône. L'Yssingelais est le bénéficiaire principal du voisinage de la région Rhône-Alpes, mais cette influence dynamisante tend à gagner le bassin du Puy. Le fort potentiel agricole du plateau du Devès n'est pas exploité pleinement. Or, c'est une sorte de Limagne de montagne qui pourrait être à fruit réciproque complémentaire de celle de la plaine.  
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