FOREZ
Deux acceptions :
1) Partie occidentale de l'ancien territoire des Ségusiaves, correspondant au département de la Loire (Forez vient du nom latin de Feurs : Forum Segusiavorum);
2) Forez féodal, équivalent un peu élargi de l'arrondissement de Montbrison par suite du détachement du Roannais (un temps uni au Beaujolais) et du Jarez (rattaché directement au Lyonnais).
La première est la plus courante. L'idée d'une séparation tranchée entre le Forez et l'Auvergne est répandue en Auvergne, mais elle fait fi des travaux remarquables des érudits foréziens (comme L. P. Gras et Vincent Durand) publiés pour la plupart par la Diana, un véritable modèle de société savante (elle siège à Montbrison). Mais plus encore, elle fait bon marché d'une réalité multiforme :
- Echanges multiples attestés à toutes les époques; fréquentation commune des alpages des Hautes Chaumes.
- Migrations humaines : le bassin durollien a recruté jusqu'aux abords de Montbrison et y renvoie maintenant des gens; un véritable torrent humain pluri-séculaire s'est déversé de l'Ambertois et de la Montagne bourbonnaise vers le versant oriental : il y a de nos jours plus de différences dans les noms de famille entre l'Est et l'Ouest de l'Auvergne qu'entre le premier nommé et le Forez occidental jusqu'à la Loire. Les cantons de Viverols et de Saint-Anthème sont en fait des dépendances stéphanoises, la ville de Saint-Etienne a recruté des habitants jusqu'en Livradois (montagneux). Les Vellaves ont joué un rôle déterminant dans la formation de la population du bassin stéphanois. Les gens de la Montagne bourbonnaise sont une composante essentielle de la population roannaise.
- Liens historiques plus anciens : nombreuse alliances matrimoniales attestées entre les familles seigneuriales de l'Est de l'Auvergne et celles du Forez, possessions réciproques dans les deux régions.
- N'oublions pas que c'est par l'intermédiaire actif du département de la Loire que l'Auvergne bénéficie de quelques retombées du dynamisme économique de la région Rhône - Alpes.
- Langue : les plateaux de Noirétable et de Saint-Bonnet -le-Château sont de langue auvergnate, avec naturellement des interférences franco-provençales foréziennes très importantes. Divers indices toponymiques et dialectaux conduisent à se demander si le versant oriental du massif forézien n'a pas eu plus généralement un parler de type originellement auvergnat, franco-provençalisé par l'influence montbrisonnaise par l'intermédiaire des administrateurs et des scribes seigneuriaux.