BERRY - BITURIGES
1. Bituriges signifie "rois du monde". Il est tentant de rapprocher cette signification de celle des peuples voisins : Carnutes au Nord, siège du collège des Druides symbole de l'unité des Celtes de Gaule; Arvernes au Sud qui furent le peuple guerrier le plus puissant de la Gaule protohistorique et l'avaient dominée au moins partiellement par l'intermédiaire de la Confédération arverne. Les Bituriges avaient été leurs alliés avant de passer sous la coupe des Eduens. Cette "verticale tripartite" (Carnutes : direction religieuse; Bituriges : dépositaires de la royauté sacrée primitive; Arvernes : puissance guerrière) évoque irrésistiblement la "tripartition fonctionnelle indo-européenne" de J. Dumézil transposée territorialement dans la nouvelle patrie gauloise des Celtes originellement centre-européens.
2. Le territoire de la "cité" biturige comprenait le Cher, l'Indre et l'Ouest de l'Allier actuels (v. Bourbonnais). Il avait peut-être été amputé d'une bordure orientale mal localisée par les Eduens au profit de leurs clientsBoïens. Il fut inclus avec l'Auvergne et la plus grande partie du Massif Central dans l'Aquitaine première dont le chef-lieu était Bourges. Après la chute de l'Empire romain, cette grande province devint l'archidiocèse de Bourges dont l'Auvergne fit partie jusqu'aux suites du Concile Vatican II, qui rompirent cette union bimillénaire et démembrèrent l'Auvergne entre plusieurs archevêchés.
3. Auvergne et Berry connurent donc la même romanisation au sein de l'Aquitaine I. Les vestiges onomastiques et lexicographiques surnageant à la francisation montrent une communauté linguistique incomplète entre l'Auvergne, le Limousin et le Berry. Le berrichon était d'ailleurs plus proche du limousin que de l'auvergnat (cf par exemple les chuintements) : or, il y a concordance avec le réseau de grands chemins antiques NE - SO (d'origine celtique) et d'autres faits comme la propagation du culte des Saints : cf. Mgr. Villepelet : Sur les traces des Saints en Berry, Bourges 1968. Cette communauté explique plusieurs tentatives haut-médiévales pour restaurer une unité arverno-berrichonne face aux Francs (V. Manry A-G. : Histoire d'Auvergne, Clermont 1965). Une toponymie de type arverno-limousin occupe presque la moitié sud de l'Indre et une partie moindre du Cher. L'influence de Bourges reste très notable dans l'Ouest de l'Allier et le Nord-Est de la Creuse.
4. Actuellement l'A 71 réunit à nouveau le Berry et l'Auvergne par un instrument puissant qui pourrait devenir efficace. Le Groupe de Souvigny oeuvre à faire reconnaître l'importance, la diversité et les potentialités des complémentarités entre l'Auvergne et le Berry. L'un de ses membres (Pierre Bonnaud) a suggéré la formation d'un anneau urbain central ayant Clermont et Bourges comme pivots, afin de donner à la France centrale la véritable métropole dont elle a besoin.