BONNET Louis ET "L'AUVERGNAT DE PARIS"
Né à Aurillac dans une famille bourgeoise (père imprimeur) originaire du Sanflorain, Louis Bonnet offre un visage double :
- d'un côté journaliste de gauche, franc-maçon, nature ardente et polémiste féroce qui s'attira des inimitiés nombreuses;
- de l'autre, organisateur exceptionnel, doué d'un sens aigu des relations et d'une grande capacité d'adaptation, il fut, au-dessus de toute considération partisane, le fédérateur des Auvergnats de Paris à travers :
l'hebdomadaire L'Auvergnat de Paris, créateur de la conscience "auvergnate" des émigrés du Massif Central. Fondé en 1882 (le 14 juillet, ce qui est un beau pied de nez à ceux qui dénigrent la France sous prétexte de langues et de patrimoine régionaux), longtemps dirigé par la famille Bonnet (après Louis Bonnet I, il y eut les numéros II et III, de tempérament plus circonspect que leur devancier). Cette publication s'adresse aux originaires de 7 départements, Auvergne déportée vers le Sud et le Sud-Ouest (Puy-de-Dôme, Corrèze, Cantal, Haute-Loire, Lozère, Aveyron, Lot). Elle a su se gagner un public fidèle par les services rendus et par son réseau de correspondants qui donnaient aux émigrés le sentiment de rester liés au "Pays" par la transmission suivie de nouvelles locales. René Girard (Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris) a justement insisté su l'extraordinaire mine de données historiques et sociologiques que constitue ce journal. Il est cependant menacé par la dilution de la "colonie" auvergnate de Paris et cherche à s'adapter avec plus ou moins de réussite. Sur ce journal, v. Girard R. : Journal d'un Auvergnat de Paris, Paris, Fayard 1982.
La Ligue Auvergnate, fondée en 1886, qui a su trouver un modus vivendi avec les nombreuses amicales communales, cantonales et pluri-cantonales, servir de carrefour aux immigrés auvergnats de toute condition, les représenter dans la vie parisienne et jouer le rôle de groupe de solidarité et de pression avec autant de discrétion que d'efficacité.
Les "trains Bonnet" qui, de 1904 à 1939 ont permis des voyages bon marché au "Pays" pendant l'été aux Auvergnats de condition modeste dans une atmosphère de fête qui cimentait l'identité collective de la communauté.