Lexique identitaire

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DOMAINE, DOMANIAL

Le latin dominium signifiait propriété. Mais il dérivait de dominus : maître. Quelles qu'aient été les évolutions du sens en français courant, le mot "domaine" a conservé le sens de "propriété importante" en géographie agraire et en économie rurale. L'économie domaniale est celle où le grand domaine détient la majeure partie du sol et de la production agricole. Le système domanial est celui où les grands propriétaires fonciers exercent une influence prépondérante, soit dans le milieu rural, soit dans la société toute entière. Les aedificia gaulois signalés par Jules César étaient sans doute des grands domaines, possédés par des groupes familiaux et en voie d'accaparement par l'aristocratie militaire celtique. Rome donna à celle-ci l'occasion de parachever son triomphe. On appelle toponymes domaniaux les noms de lieux terminés par les avatars de suffixes (-acos / -acum, anicas, etc...) qui s'ajoutaient à des noms de propriétaires (théorie classique énoncée d'abord par d'Arbois de Jubainville) ou à des noms divers (conception qui a de plus en plus de partisans). Une nouvelle vague de remaniements fonciers créa les domaines de l'Antiquité tardive et du haut moyen âge (noms en -court, -ville, mesnil, etc...). Les tenures paysannes, laissant au grand propriétaire / seigneur un droit de propriété éminent symbolisé par le paiement du cens, morcelèrent ces domaines au moyen âge. Après la crise de la guerre de Cent Ans, la Reconstruction des Campagnes (XV° - XVII° siècles) créa une génération nouvelle de grands domaines. Puis le désengagement agricole des propriétaires fonciers (1850-1950) en élimina la plupart. Depuis un demi-siècle, le passage à l'agriculture industrielle de masse crée un type nouveau, les grandes exploitations dont l'exploitant ne possède en propre souvent qu'une faible fraction, plus instables et en agrandissement constant. L'empreinte domaniale gallo-romaine est très forte en Auvergne, surtout dans la plaine et sur les coteaux, mais il est clair que beaucoup de "toponymes domaniaux" sont trop densément répartis pour désigner de véritables grands domaines. Pour les témoignages de la Reconstruction des Campagnes, voir l'article portant ce titre. La langue auvergnate appela d'abord buorià / borià le grand domaine capable d'élever un troupeau bovin (latin bovaria). Puis, la généralisation de cet élevage donna au mot le sens de "ferme, exploitation rurale". Cependant, la distinction avec la fermette (bordà) est encore perçue. L'auvergnat arvernisa alors le mot français (deumeine) pour nommer la propriété ou l'exploitation importante.
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