Lexique identitaire

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GABALES ET GEVAUDAN

Les Gabales étaient un petit peuple gaulois, client des Arvernes. Sa capitale était Javols (Anderedon / Anderitum), proche des confins de l'Auvergne comme habituellement chez les peuples dépendants (cf. l'oppidum de Briton [Brigantone], près de La Rochelambert, dominant Ruessio chez les Vellaves et Uxellodunum chez les Cadurques). Le Romains avaient réussi le tour de force d'y établir un "port" (en fait sans doute un bassin nautique) sur le minuscule ruisseau du Triboulin, à moins qu'il s'agisse de terrassements destinés à élargir l'emprise des constructions urbaines, cf. A. Ferdière : Aménagement de berge à Javols, in La Loire et les fleuves de la Gaule romaine et des régions voisines, Caesarodunum XXIII - XIV, Pulim, Limoges 2001. Les Gabales suivirent le sort des Arvernes dans l'Aquitaine Première et dans la romanisation : les parlers gévaudanais palatalisent même des mots qui restent indemnes de ce traitement en auvergnat (exemple : Saint-Jal = Gal). Le Gévaudan est la province issue de la cité des Gabales, correspondant à peu près au département de la Lozère augmenté du canton de Saugues. Elevée, rude, peu fertile, cette contrée magnifique n'a pu approcher l'idéal autarcique de la société paysanne traditionnelle. A partir du moyen âge, elle est tombée dans la zone d'influence de la transhumance ovine méridionale, de Nïmes et de Montpellier, ce qui l'a empêchée de suivre la "révolution bovine" venue d'Auvergne et a entraîné une longue période d'arriération. L'émigration se dirigea vers le Midi rhodanien et languedocien. La langue subit une méridionalisation du vocabulaire et de la morphologie : Ch. Camproux a signalé que les formes méridionales étaient regardées comme "du plus joli patois" (Etude syntaxique des parlers gévaudanais). Mais, dans la dépression de la haute Truyère, partie la plus cultivable, la moins soumise au système d'échanges inégaux avec le Midi, la langue resta plus proche de l'auvergnat (le secteur du Malzieu est de dialecte sanflorain) et il n'est pas difficile de trouver jusqu'à Marvejols des gens se réclamant de l'Auvergne (ce fut aussi un des foyers principaux d'émigration des Auvergnats de Paris). Les traits linguistiques auvergnats ont aussi remonté l'axe de l'Allier (via le Devès) jusqu'au Mercoire en amont de Langogne. Ces faits montrent que des relations avec l'Auvergne ont toujours existé et nous avons mis en évidence plusieurs courants migratoires vers le Sanflorain et vers la Basse-Auvergne (P. Bonnaud :Terres et langages, peuples et régions, et articles divers dans Bïzà Neirà). Le massif margeridien a été beaucoup plus influencé par les "estibaires" méridionaux. Le pays saugain a été rattaché à la Haute-Loire lors de la formation des départements et s'y est bien intégré : les nostalgies qui s'expriment en Gévaudan y ont peu d'écho et les Saugains sont saugains avant tout. La Terre de Peyre (haute Truyère) a donné un bon écrivain vernaculaire gévaudanais, le chanoine Félix Remize (Contes du Gévaudan, 2 vol., Rome 1966). Les arvernisants sont reconnaissants au pays saugain d'avoir fourni le Frère Nauton (Atlas linguistique du Massif Central), le grand illustrateur Lucien Gire et Jean - Baptiste Meyroneinc, qui collabora à Bïzà Neirà à diverses reprises. L'autoroute A 75 a restauré l'influence clermontoise et plus généralement auvergnate dans le Nord du Gévaudan où sont perceptibles aussi celle de l'aéroport d'Aulnat pour une clientèle restreinte (Saint-Chély - d'Apcher), des hypermarchés de Clermont-Sud pour un certain nombre de gens et des universités clermontoises pour les étudiants. Le club sportif de Nord-Lozère est rattaché à la Ligue d'Auvergne. Noter enfin que la partie cévenole du Gévaudan et de la Lozère est intégrée à un système de relations entièrement méridional et languedocienne de langue.
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