Lexique identitaire

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« MONTAGNE » et « PAYS HAUT »

Dans l'Auvergne rurale "traditionnelle" (d'avant 1914) "montagne" (mountanhà) ne désignait que les hauts pâturages fréquentés durant l'été par les troupeaux transhumants, ce que les géographes appellent "une montagne d'estive". Le reste des hautes terres était "le paï naut" (pays haut). Ce n'était pas un détail de vocabulaire : le concept français de la "montagne" avec tout un arrière-plan de notions très citadines (pureté de l'air et des eaux, proximité du ciel, position protégée des médiocrités de la vie courante se déroulant en bas) était ignoré des Arvernophones. Le paï naut était ce territoire élevé que des efforts supplémentaires devaient humaniser et mettre en exploitation. Il semble paradoxal, mais il est indiscutable qu'avec cette conception utilitaire les anciens Auvergnats avaient fait des hautes terres un pays magnifique, ordonné, propre, aux vues immenses dégagées (la "montagne claire"); et que notre conception littéraire, poétique et écologique de la montagne aboutit à l'embroussaillement et à la confusion répulsive : comparez la Margeride d'avant 1950 à ce qu'elle est devenue, voyez comment évoluent actuellement les Hautes Chaumes du Forez et tant d'autres contrées d'altitude. Bibliographie : Bonnaud P. : Pays haut et "montagne" : mythes autochtones de l'Auvergne et banalisation de l'époque actuelle, Bïzà Neirà n° 95, 1997-3.
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