Lexique identitaire

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SAUGAIN (PAYS)

Correspondant approximativement au canton de Saugues, il est bien dessiné par la géographie physique: en contrebas du bombement sommital margeridien, perché au-dessus du pays coupé de la Cronce et de la Desges, c'est un amphithéâtre de lourdes bosses entre 1100 et 1500 mètres, encadrant un bassin autour de 1000 mètres, d'où la vallée d'abord évasée de la Seuge s'échappe en gorge vers l'Allier. Le climat est abrité et relativement ensoleillé, ce qui permit autrefois une économie mixte de labours (seigle) et d'élevage (moutons et bovins). Actuellement, les reboisements en conifères se sont beaucoup étendus sur le pourtour et dans le bassin lui-même, où cependant les paysages ouverts se sont mieux conservés. Il est voué à l'élevage bovin mixte (race montbéliarde prédominante, moins nettement depuis la crise bovine). Historiquement, les habitants aiment à rappeler que le Pays Saugain fit partie du territoire des Gabales, de l'évêché de Mende et du Gévaudan avant d'être rattaché à la Haute-Loire lors de la formation des départements. Mais ce rattachement n'a rien eu d'arbitraire. Le dialecte, branche de la variété sanfloraine de l'auvergnat méridional, un peu plus évolutif sous l'influence des innovations bas-auvergnates remontant dans l'axe de l'Allier, montre que cette contrée était incluse depuis longtemps dans une aire auvergnate de relations. D'ailleurs, elle n'a jamais été englobée dans la zone de transhumance méditerranéenne qui a joué un rôle essentiel dans la méridionalisation du Gévaudan tourné originellement vers l'Arvernie; et la pénétration de l'élevage bovin l'opposa précocement à la Margeride centrale et méridionale où le mouton dominait. Selon les périodes, l'orientation vers le Midi (migrations saisonnières rurales d'autrefois, émigration vers Nîmes et Alès, foire aux chevaux de Thoras) contrebalançait un glissement continu de la population vers les Limagnes dont témoignent clairement les registres paroissiaux et d'Etat-Civil du Val d'Allier. Puis Michelin et plus généralement Clermont ont largement recruté les "enfants de Saugues". Actuellement, aucune ville lozérienne ne peut équilibrer l'emprise du Puy, de plus en plus massive, même dans la vie courante et qui de plus joue le rôle de relais de l'émigration en direction de Lyon. La forte personnalité locale du Pays Saugain a trouvé deux incarnations particulièrement remarquables dans le Frère Pierre Nauton, dialectologue éminent (thèse sur Le patois de Saugues, dont la partie vocabulaire a été rééditée par le Cercle Terre d'Auvergne sous le titre de Vocabulaire rural du pays de Saugues; Atlas linguistique du Massif Central, 4 volumes; Géographie phonétique de la Haute-Loire) et dans le peintre, dessinateur et illustrateur Lucien Gires (décédé en janvier 2002) qui a su restituer l'esprit de son pays avec une justesse exaltante. Agriculteur autodidacte, J. B. Meyroneinc a aussi donné plusieurs textes ethnographiques à la revue Bïzà Neirà.
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