Lexique identitaire

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VARENNE

On donne ce nom à des dépôts détritiques sableux infertiles, datant du soulèvement oligo-miocène des massifs orientaux de la Basse-Auvergne. Les nappes d'épandage provenant de l'érosion de ces massifs se sont répandus dans l'axe de la Dore puis de l'Allier à l'aval de Randan, formant soit des portions de plaine très plate (Varenne de Lezoux, la plus connue, Sologne bourbonnaise), soit des collines plus caillouteuses restées en général forestières (Forêts de Randan, de Marcenat, bois longtemps persistants sur les collines bordières de la Sologne bourbonnaise, comme la forêt de Voudelle, anéantie seulement par les bonifications du XIX° siècle), maintenues en contre-haut par le gel périglaciaire des époques glaciaires du quaternaire, qui avait durci ces sables. Ces varennes élavériennes (= du bassin de l'Allier) sont de même nature que les varennes ligériennes (= du bassin de la Loire) qui couvrent une grande partie des plaines du Forez et de Roanne et des collines de Saône-et-Loire autour de Bourbon-Lancy ainsi que du Nivernais méridional (Dornes - Luzy - Fours). Le peuplement n'y fut pas plus tardif qu'ailleurs, mais il y fut plus clairsemé. Par contre, son instabilité a été surestimée, un enracinement très supérieur à ce qu'on croit généralement ayant été démontré par P. Bonnaud: A la recherche de l'identité d'un pays sans visage: Entre - Loire - et - Allier en Bourbonnais et en Nivernais à la lumière de l'occupation du sol et de l'onomastique, II° Rencontre médioromane de Souvigny, 2002. Les groupes familiaux ont joué un rôle essentiel dans la mise en valeur. En Auvergne, où la population a toujours été plus dense, prédomine l'habitat en villages lâches entourant de vastes couderts (sectionaux de village; l'étymologie fait remonter le mot au cotericos celtique, c-à-d à la vaste cour ouverte, aire de service du grand domaine - aedificium - gaulois). En Bourbonnais, les groupes de fermes ont souvent été dissous par les remaniements fonciers de la Reconstruction des Campagnes. Milieu homogène mais ne disposant pas de la compacité géohistorique que donne la masse démographique, la Varenne a été moins résistante que la Limagne des gros villages à l'emprise des remembreurs de la noblesse et de la bourgeoisie d'époque moderne. Il en est résulté (mais sans doute plus lentement qu'on le croyait) la francisation des varennes bourbonnaises (même chose en Roannais). Dans un contexte plus solide de relations inter-auvergnates, la Varenne de Lezoux a conservé son dialecte. Mais il a subi plus d'atteintes par la francisation que la plupart des parlers bas-auvergnats : infinitif des verbes en devenu et parfois même comme celui des verbes français du premier groupe; prononciation française de ch et de j, empiétements grammaticaux du français dans la conjugaison et l'emploi du pronom personnel, francisations lexicales... Au XX° siècle, la Varenne de Lezoux a fourni un modeste illustrateur en poésie à la langue auvergnate, Thaurin Saint-Roch. Antérieurement, Gabriel Marc (1840 - 1931) fut critique d'art et poète en français, très attaché à l'Auvergne qu'éloigné à Paris il évoque avec nostalgie dans Poèmes d'Auvergne.
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