Lexique identitaire

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ARVERNES

Un temps peuple le plus puissant de la Gaule (l'étymologie de leur nom serait "les supérieurs", d'après Sergent B. : Les Indo-Européens, Paris, Payot 1995), ils auraient fait reconnaître leur suprématie du Rhin aux Pyrénées d'après Strabon, par l'intermédiaire de la Confédération arverne, mal cernée. Celle-ci peut avoir été intégrée à une méridienne centrale du pouvoir (v. Berry). Les Arvernes eurent à coup sûr comme vassaux les Gabales et les Vellaves; on cite aussi les Cadurques et les Ruthènes qui leur échappèrent plus tôt, dans une Gaule protohistorique travaillée par les autonomismes régionaux des aristocraties militaires. Cette liste montre que la domination celtique vers le Sud de la Gaule progressait sous leur direction. Leurs rapports avec d'autres peuples, voisins ou proches (Lemovices, Pictaves) restent plus confus. L'alliance avec les Allobroges antérieurement à la soumission de ceux-ci par les Romains est suggérée par les événements. La défaite de Bituitos en - 121 face aux Romains semble avoir porté le coup de grâce à une hégémonie que minaient trop d'ambitions divergentes. Les Eduens, qui aspiraient à substituer leur prépondérance à celle des Arvernes en profitèrent pour établir leur protectorat sur les Bituriges. Rome victorieuse accorda à ce peuple dangereux un traitement favorisé (civitas libera) mais rogna son territoire et surtout le dilua au sein d'une grande Aquitaine saintaise - bordelaise puis de l'Aquitaine première dont la capitale fut Bourges. L'aristocratie arverne joua alors le jeu de la romanisation et garda sa prééminence locale au cours de l'Antiquité tardive, longtemps après la chute de l'Empire. Le ressort des ambitions politiques était brisé comme le montre la faiblesse des tentatives de résistance aux envahisseurs wisigoths, puis de rétablissement d'une autonomie centrale face aux pillages francs au haut moyen âge. Dès lors, l'Arvernie se résorbe en Auvergne, diminuée, mais qui reste longtemps la province la plus peuplée de la Gaule / France centrale, paralysée par le surpeuplement et la pauvreté. Mais les Arvernes, rétablis dans l'estime publique par le celtisme du XIX° siècle, hantent toujours l'esprit auvergnat comme une sorte d'image idéale de soi-même : cf. (entre autres !) le nom d'avernat donné par C. F. Ravel à la langue littéraire auvergnate unifiée dont il rêvait, celui d'Arvernia préconisé par V. Giscard d'Estaing pour la grande conurbation du Val d'Allier en formation d'Issoire à Vichy et une foule de références aux Arvernes dans la littérature régionale et dans quantité d'associations, par exemple les sociétés de gymnastique qui eurent tant de succès de 1871 à 1914.
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