Lexique identitaire

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AUVERGNATS DE PARIS

On signale des Auvergnats à Paris dès les XIV° et XV° siècles. Les gens entrant au service du Roi (militaires, officiers = fonctionnaires) ont précédé ceux du peuple, qui commencent à former un courant à la fin du XVIII° siècle. Dans la première moitié du XIX° siècle, les immigrants viennent surtout de Basse Auvergne et notamment de Limagne. Gens instruits, ils s'assimilent rapidement. Après 1850, la crise agricole et le développement massif du Paris des chemins de fer provoquent un déversement torrentiel. Le centre de gravité des partants se déplace vers le Sud. Les plateaux des arrondissements de Saint-Flour, Espalion, Marvejols deviennent les épicentres du mouvement. Puis le Gévaudan, le Rouergue, l'arrondissement de Figeac, le Cantal occidental retournent vers la capitale leurs destinations jusque là méridionales. Le courant faiblit avant la guerre de 1914. Après celle-ci, il subsiste une émigration traditionnelle s'appuyant sur un réseau de relations et sur les positions acquises (voir aussi migrants). Jusque vers 1880, les émigrés auvergnats (voir Louis Bonnet et l'Auvergnat de Paris) sont au bas de l'échelle sociale, ils pratiquent les métiers les plus durs, les plus salissants et les plus mal considérés : frotteurs de parquets, porteurs d'au, ferrailleurs... Leur ascension commence avec les "bois et charbons" ("bougnats"). De là, ils passent aux débits de boisson, cafés et jusqu'à de grandes brasseries (Lipp). C'est la "limonade". Leurs qualités propres, maintes fois reconnues (travail acharné, épargne, sens de la famille, saine ambition, honnêteté) furent puissamment secondées par la solidarité entre "pays", stimulée par leurs organisations (l'Auvergnat de Paris, la Ligue auvergnate, les amicales communales, cantonales ou pluri-cantonales). Ils atteignirent ainsi de hauts postes et une place notable dans la société de la III° République, soit par leur réussite directe, soit par la promotion de leurs enfants instruits. R. Girard (Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris, Paris, Fayard 1979) a justement fait remarquer que leur réussite dans le commerce et les professions libérales résulte du fait que la République anticléricale n'ouvrait pas volontiers les voies de la promotion par la fonction publique à des gens venus de régions très catholiques. Les immigrants venus des foyers classiques (voir ci-dessus) acceptaient volontiers l'étiquette d'Auvergnats, bien que beaucoup ne fussent pas originaires de la province d'Auvergne. L'arrivée d'Aveyronnais du Sud et de l'Ouest, plus particularistes, troubla cette solidarité. D'autre part, les liens avec le "Pays" se relâchaient dans les jeunes générations dès l'entre deux guerres et beaucoup devenaient des Parisiens comme les autres. Après 1950, les émigrants auvergnats entrèrent massivement dans la fonction publique, Paris ne fut plus qu'une destination de début de carrière, surtout dans les Postes.
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