Lexique identitaire

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AUVERGNAT SEPTENTRIONAL

Extension : de l'Est de la Creuse et du plateau d'Eygurande à ceux de Noirétable , de Saint-Bonnet-le-Château et de l'Yssingelais. Ce territoire est divisé en deux compartiments principaux :
  • l'Ouest et le Centre allant à peu près jusqu'au cours de l'Allier. Les parlers de Limagne s'y distinguent par leur évolution poussée, leurs innovations proliférantes et leur fragmentation.
  • l'Est qui s'étend sur la Varenne, les coteaux orientaux et les massifs de l'Est. Les marges orientales ont subi des interférences foréziennes fortes (P. Nauton considérait le plateau de Saint-Bonnet et l'Yssingelais comme une "amphizone").
Ce territoire rassemble la grande majorité de la population, présente le maximum de traits distinctifs typant la langue auvergnate et a fourni la plus forte proportion de textes littéraires et autres. Caractères principaux de l'auvergnat septentrional : 1. Phonétique et phonologie :
Il pousse à l'extrême la simplification des groupes de consonnes et la chute des consonnes finales : toutes les syllabes deviennent ouvertes (consonne + voyelle ou diphtongue) sauf restes insignifiants de -r et de-n (en liaison).
Les voyelles faibles (eu) puis (e) se développent aux dépens d'(é), (o fermé) et (ou) en syllabe atone; le point d'articulation se déplace : les voyelles d'avant gagnent; les voyelles toniques seules sont prononcées distinctement, les autres ont des sons intermédiaires mal fixés et peu clairs.
Les diphtongues anciennes (au, où, ai, ei) se transforment ou se réduisent à une voyelle simple (ei se maintient le mieux et gagne sur ai). Les diphtongues secondaires (développées après coup) se multiplient :uo, oa, oé, ue, ainsi que les triphtongues : oei, iau, uoù...
Les palatalisations conditionnées atteignent leur maximum de développement : mouillures, chuintements. Les palatalisations vocaliques prennent aussi de l'extension : ou se transforme souvent en u.
En phonologie, les consonnes euphoniques (z- verbal, v-, l-, d-, n-), utilisées pour pallier le hiatus consécutif à la chute des consonnes finales sont surtout généralisées à l'Ouest. A l'Est, le z- verbal disparaît, les parlers acceptent le hiatus. Z- est issu de l'ancien -s pluriel, mais son emploi est devenu tout à fait différent.
2. Morphologie :
L'article a 4 formes : le, là, leù, la. Seul leù a des variantes assez nombreuses : lau, loû, lu. Articles et mots - outils variables (démonstratifs, possessifs, indéfinis) contribuent à distinguer singulier et pluriel en palliant la chute totale de -s.
Cependant, l'auvergnat septentrional a élaboré une série très riche de pluriels vocaliques qui assurent l'essentiel de la discrimination à l'oreille entre les nombres. C'est pourquoi l'ajout graphique de -s est non seulement inutile, mais c'est aussi une faute capitale contre la logique de la langue.
La conjugaison, très remaniée, a été fortement régularisée et simplifiée. La distinction entre les groupes verbaux a perdu de son importance, les désinences sont unifiées par temps au sein de deux blocs : les temps réels et les temps irréels.
3. Syntaxe : La maîtrise des constructions prend le pas sur celle de la grammaire : l'auvergnat septentrional pousse à l'extrême l'idiomatisme des phrases principalement par un usage des prépositions sans aucun équivalent dans les autres idiomes néo-latins. 4. Vocabulaire (voir : les 3 vocabulaires auvergnats): La confluence de plusieurs courants dans la région - charnière qu'est l'Auvergne a fourni une abondance de mots. Or, "les gens savent plus que leur propre patois", ce qui a permis la distinction de nuances très subtiles. En outre, les formations expressives, fabriquées par analogie étymologique (surtout en Limagne et dans sa "zone de décalque) sont une source d'originalité, de liberté et de verve dans les parlers. Tous ces caractères, résultat de la position géographique - charnière et de la constance avec laquelle une population longtemps homogène et compacte a su sélectionner les emprunts, ont fait de cette version septentrionale de l'auvergnat non seulement un langage aux potentialités extrêmement riches, mais encore une source capitale pour la compréhension des faits linguistiques d'une grande partie de l'aire gallo-romane : on y trouve vivants des traits qui, aux quatre coins de la France, ne se retrouvent plus qu'en onomastique ou dans les textes anciens, ainsi que des formes de transition qui éclairent maint vocable ou toponyme d'un jour nouveau. Puisse - t- on s'en aviser enfin pour le profit de la science philologique gallo-romane en se dégageant des préjugés réducteurs de la "langue d'oc", cette auberge espagnole, et de "l'occitan", cette machine à niveler !
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