ROUERGUE et AVEYRON
Rouergue vient du peuple gaulois des Ruthènes, mais ceux-ci, qui semblent avoir été alliés et peut-être clients des Arvernes, occupaient originellement le vaste territoire réunissant les départements actuels da l'Aveyron et du Tarn. La conquête romaine de la Narbonnaise (-125 -118) leur arracha ce dernier, dont le destin resta séparé: après la Narbonnaise, il fit partie de la Septimanie, puis devint l'Albigeois, partie du Comté de Toulouse. Le Rouergue, lui, fit partie comme l'Auvergne de l'Aquitaine première puis de l'archidiocèse de Bourges. Mais à la fin du haut moyen âge, il entra à son tour dans l'orbite du Comté de Toulouse et de son système de relations économiques. Suite à ces liens étroits, la langue régionale du Rouergue est de type languedocien peu différent de celui de la région toulousaine.
Les relations du Rouergue et de son successeur, le département de l'Aveyron avec l'Auvergne sont variables avec les temps et les lieux:
- René Girard (Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris, 1979) a souligné que ceux de l'ancien arrondissement d'Espalion (au Nord du Lot: Aubrac, plateau de la Viadène, Rivière d'Olt) se sont agrégés facilement aux Auvergnats de Paris. Ils migraient depuis longtemps déjà vers la Planèze de Saint-Flour. Le canton de Mur-de-Barrez, tourné vers Aurillac, demanda unanimement (mais en vain) son rattachement au Cantal en 1926.
- Les Rouergats du "noyau dur" autour de Rodez aspirent à voir leur identité reconnue. Ils ont été réticents envers les Auvergnats de Paris, mais ils le sont presque autant envers la région Midi-Pyrénées dans laquelle ils s'estiment marginalisés.
- Les habitants de l'Ouest (Villefranche) et du Sud (Millau) ont des horizons franchement méridionaux, mais divergents, les premiers vers Toulouse, les seconds vers Montpellier.
- Pays fortement catholique, l'Aveyron a été une terre d'élection de la JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne) qui, après 1950, a amplifié un mouvement de bonification agricole particulièrement spectaculaire en Ségala depuis la fin du XIX° siècle. Les Ségalis louent une grande partie des estives cantaliennes, élargissant ainsi leurs exploitations insuffisantes sur le sol auvergnat.
- La ville de Rodez connaît un développement assez dynamique depuis quatre décennies (1960-2000). Mais elle n'a pas dépassé le stade de ville moyenne. C'est un des cas où le concept de "réseau de villes moyennes" pourrait être bénéfique si Brive, Aurillac et Rodez pouvaient trouver un projet commun qui soit autre chose qu'un répertoire d'espérances.
- l'amélioration du réseau routier est à l'heure actuelle la priorité principale : liaison avec Toulouse (devenue excellente), jonction avec l'A 75 qui écorne le Sud-Est du département, éventuelle A 88, plus problématique.