Lexique identitaire

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TEXTES POPULAIRES CLERMONTOIS DU XIX° SIECLE EN AUVERGNAT

Cette brochure unilingue de 65 pages est, pour l'essentiel, le fruit des travaux du groupe de recherches du Cercle Terre d'Auvergne qui, au début des années 70, a rassemblé presque tout ce qui était écrit en auvergnat dans le fonds Auvergne de la Bibliothèque municipale de Clermont (seules quelques découvertes sont postérieures). Publiée en 1974, elle a souffert des conditions matérielles misérables de sa réalisation au duplicateur. Elle mériterait d'être rééditée pour bénéficier des corrections rendues très difficiles par le système de frappe sur stencils, mais aussi pour laisser de côté quelques textes qui ne concernent pas la période indiquée (ils n'avaient pu être alors convenablement situés) et pour rajouter ce qui a été découvert depuis lors, plus une traduction française et des notes qui seraient les bienvenues. Le premier intérêt de ces textes est d'attester la vitalité de la langue auvergnate - y compris de ses nuances dans les différents quartiers populaires de Clermont comme Fontgiève, le Champgil, Saint-Alyre - dans la capitale de l'Auvergne jusqu'à la guerre de 70 (quelques textes postérieurs ont été découverts depuis). Ensuite, bien que la langue urbaine soit quelque peu francisée et qu'il y ait des inégalités dans l'inspiration (certains textes ne sont que de ces "rigolades" vulgaires dans lesquelles s'enlisèrent les langues régionales dans la phase de francisation agressive qui précipita leur repli), la valeur documentaire historico-sociologique de ces écrits dépasse largement leur faible tenue littéraire. Certains sont anonymes. D'autres sont sous des pseudonymes qu'il ne serait pas facile de percer à jour. Heureusement, les plus significatifs sont signés.
  • Francisque Bathol, qui fut un versificateur pompeux et banal en français, écrivait en singeant divers parlers de Limagne et surtout des plateaux de l'Auvergne occidentale. Il fut un des adeptes de cette veine "comique" acceptant l'infériorité des sujets les moins dignes pour l'auvergnat. Il permet de situer les débuts de cette régression de l'usage écrit auvergnat.
  • Plus intéressant est Jean Desrolles. Humblement, mais tenacement, il élabore une sorte de "défense et illustration" de la langue auvergnate en se moquant des bourgeois qui adoptent le français, en mettant cette langue dans leur bouche de façon ridicule, en faisant valoir des arguments très simples, à la portée des moins instruits, à la fois sentimentaux et pratiques, en faveur de l'auvergnat.
  • Dans Nà querelà d'eunour guérier entre tri bravi frairi, un autre auteur qui signe Roberto exalte les exploits des anciens soldats de la Grande Armée. On y voit naître en milieu populaire la légende napoléonienne et se former la propagande bonapartiste faite d'un mélange de démagogie et de valorisation de l'héroïsme guerrier qui sera à l'origine du Second Empire (très populaire en Auvergne limagnaise car il coïncida avec une longue phase de prospérité viticole).
  • D'autres textes lèvent le voile sur la manière dont furent vues la conquête de l'Algérie en milieu populaire arvernophone, la guerre de Crimée, l'apparition des magasins de confection à Clermont. On voit aussi remémorer de curieux usages (én paiamen de drit de mort: un paiement de droit successoral).
  • Elargis à la "zone métropolitaine clermontoise", quelques uns de ces textes donnent des échantillons qui seraient difficiles à réunir maintenant sur certains parlers limagnais ultra-évolutifs, tels ceux du Val d'Allier et d'outre - Allier marneux et viticole (Billom, Les Martres- de -Veyre).
  • On note même une traduction libre d'un Conte drolatique de Balzac, L'eipïsier é le bousud, fort intéressant comme indication des goûts des milieux arvernisants et comme essai de l'exercice toujours enrichissant du passage d'une langue dans une autre.
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