Lexique identitaire

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AUVERGNAT (LANGUE)

La langue auvergnate, qui présente le maximum d'originalité en Basse Auvergne mais qui, sous des réalisations parfois différentes, obéit à une même logique dans l'ensemble de son domaine, est un des idiomes gallo-romansles plus typés. Elle se différencie aussi bien du français (ce n'est pas du "français écorché") que des langues d'oc méridionales, par des traits fondamentaux touchant tous les domaines :
  • Phonétique : langue à faible tension articulatoire et donc à articulation relâchée, elle simplifie les groupes de consonnes, élimine les consonnes finales (d'où la prépondérance quasi-absolue des syllabes ouvertes CV [consonne + voyelle]), ne prononce clairement que les voyelles toniques, tandis que les atones ont des timbres intermédiaires et souvent peu clairs, développe (e) et (eu) aux dépens d'autres voyelles, multiplie les diphtongues particulières. Elle possède une gamme extrêmement étendue de palatalisations (chuintements, mouillures) y compris vocaliques (développement de (u) aux dépens de (ou)).
  • Morphologie et syntaxe : Sauf exceptions très restreintes (Protestants du Velay) le -s du pluriel a disparu, remplacé par deux systèmes : pluriels vocaliques en auvergnat septentrional, pluriel uniquement marqué dans des mots - outils en auvergnat médian et méridional. La conjugaison présente de nombreuses particularités de formes et de combinaisons, mais dans l'ensemble elle est très régularisée et simplifiée. L'usage desprépositions est sans aucun équivalent dans l'ensemble des autres langues latines.
  • Lexique : le vocabulaire est remarquablement composite du fait de la position géographique de langue - charnière entre Nord et Sud, entre Est et Ouest. L'auvergnat est un langage à idiomatismes (voir les rubriques En bon auvergnat et Phraséologie auvergnate de la revue Bïzà Neirà). Ces caractères lexicaux sont précieux pour comprendre le génie populaire de toute l'aire gallo-romane et une foule de mots et phénomènes aux quatre coins de la France.
  • Même l'expression écrite de l'auvergnat suit sa propre trajectoire : elle n'a guère partagé la chronologie et pas du tout les modes des langues d'oc méridionales, le Félibrige n'a guère eu d'écho, l'Auvergne est avec la Provence la seule région revendiquée par "l'occitan" où l'occitanisme ait rencontré une résistance organisée.
  • La fragmentation de l'auvergnat, parfois exagérée ("le patois change d'une commune à l'autre") est réelle mais inégale : très forte en Limagne, elle est moindre dans les secteurs de plateau et de montagne où existent des unités plus vastes (voir la carte annexée au Nouveau dictionnaire général français - auvergnat de Pierre Bonnaud).
  • Clermont, capitale permanente de l'Auvergne, a joué un rôle décisif dans la formation de la langue auvergnate : ce sont ses innovations qui, se répandant largement quoique irrégulièrement selon les phénomènes, ont typé la langue et lui ont donné une physionomie "à nulle autre pareille".
Bibliographie : Bonnaud P. : Grammaire générale de l'auvergnat à l'usage des arvernisants, Cercle Terre d'Auvergne, Chamalières 1992.
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