LANGUE - CHARNIERE
Langue - charnière ne veut pas dire volapük, langage hybride façonné par des influences extérieures subies passivement. Ce concept est la synthèse de plusieurs réalités qui se conjuguent dans la suite des temps :
1. L'auvergnat est au coeur de la bande médiane médioromane où la romanisation a fait confluer des traits du latin péninsulaire venus par le bas Rhône et du latin cisalpin venu par les Alpes. Il a donc des particularités originelles du fait de cette composition.
2. L'avance du français selon le principe de la "tache d'huile" au moyen âge et pendant l'époque moderne l'a mis en première ligne des langues régionales non assimilées. Par suite, il a subi des influences françaises anciennes par l'intermédiaire de l'effet Terracher, c-à-d de dialectes qui avaient déjà subi plus ou moins la francisation, notamment le bourguignon et le franco-provençal (variétés forézienne et lyonnaise).
3. Dans sa structure interne, sa division en trois bandes (voir auvergnat, auvergnat médian, auvergnat méridional, auvergnat septentrional) entraîne que l'auvergnat méridional a subi des influences provençales et languedociennes qu'il faut se garder d'interpréter comme des méridionalismes originels (exemples : fabre, croumpâ, lecâ...).
4. Face à ces interférences, qui sont normales au sein d'un groupe de langues apparentées (gallo-roman) et non séparées par des frontières étatiques et la volonté d'une élite disposant d'un pouvoir, l'auvergnat a réagi très sainement :
- triant et sélectionnant les apports qu'il admettait;
- les assimilant à la fois à sa phonétique (mécanique langagière) et à ses concepts.