LANGUE D'OÏL, LANGUE D'OC
Les arvernisants actuels ne contestent nullement ces notions, mais leur application à l'Auvergne et à l'auvergnat.
- Le domaine initial de la langue d'oïl est au Nord de la Seine : c'est celui du latin septentrional de la Gaule évolué sous l'influence du substrat belge et, au haut moyen âge, des envahisseurs germaniques : influence directe, surtout en Normandie - Picardie, mais surtout indirecte : en coupant cette zone des relations méditerranéennes, les Francs ont favorisé la résurgence de traits nombreux issus de la langue parlée par les Belges . Au cours du haut moyen âge, dans une situation linguistique très fluide, où le bouleversement des cadres sociaux favorisait l'accélération des dérives du langage, ce conglomérat s'étend jusqu'à la Loire (cf. Von Wartburg W. : Les origines des peuples romans, Paris 1942). Au cours du bas moyen âge par contre, c'est le français qui conquiert progressivement les régions de la France médiane dont la langue était originellement de type médioroman, apparenté à l'auvergnat. C'est donc une variété de français populaire rural contenant des restes des dialectes originels, des traits de vieux et de moyen français qui vient au contact de l'auvergnat sous l'appellation fallacieuse de "langue d'oïl".
- Le domaine initial des langues d'oc (le pluriel est ici de rigueur car aucun de ces idiomes n'a été capable d'exercer l'influence uniformisatrice qu'eut le français au Nord) est le Midi provençal, languedocien et gascon. Hormis le gascon marqué par un fort substrat apparenté au basque, les langues d'oc, inscrites dans une aire géographique méditerranéenne et péri-méditerranéenne, ont subi une latinisation beaucoup plus intime que le reste de la Gaule, par ailleurs essentiellement péninsulaire ("romaine" et non "cisalpine" ). Elles sont restées en outre au contact des autres langues latines méditerranéennes, ce qui a joué dans un sens conservateur (pas de palatalisations gauloises). Le provençal a progressé dans les Alpes aux dépens du dauphinois, dans le Sud du Vivarais aux dépens de l'auvergnat. Le languedocien fut le plus dynamique à l'époque de la prospérité du Comté de Toulouse (IX°-XII° siècles). Il a conquis le Nord du bassin d'Aquitaine et la marge sud-ouest du Massif Central (aire du guyennais) et pré-languedocianisé d'autres territoires : le Gévaudan surtout, plus partiellement une bande des domaines bas limousin et haut auvergnat, dessinant ainsi une sorte de Croissant méridional. Cette avance a été fossilisée par l'effondrement du Comté de Toulouse au XIII° siècle. Mais, de même que des rides courent sur l'étang longtemps après que le caillou qui les a provoquées est tombé au fond, de même certains traits méridionaux ont continué à avancer indépendamment après cet événement (par exemple b remplaçant v) soit par l'action de liens commerciaux entre régions proches (Quercy - Haute Auvergne par exemple), soit par un prestige acquis (voir la constatation de Ch. Camproux en Gévaudan).