Lexique identitaire

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LETTRES EUPHONIQUES

Ce sont des consonnes anti-hiatus dont la fonction est de favoriser la fluidité et l'agrément de la parole. Leur ample développement, caractéristique essentielle de l'auvergnat, réduit un grand nombre de hiatus (rencontre disgracieuse de deux voyelles) provoqués par la chute des consonnes finales des mots. On les trouve :
  • devant des formes conjuguées : z-ei, z-on, z-amà (il est, ils ont, il aime);
  • devant d'autres mots, surtout si le a- initial s'est maintenu : mau z-ametüd : mal admis;
  • devant des mots - outils : v-ou, vou (ou bien, le = cela dans l'Est et le Sud);
  • devant un nom de nombre : vun, vounje (1,11).
Elles sont reliées au mot par un tiret, lorsqu'elles peuvent disparaître si un autre consonne remplit le même office : z-on, l'on vedüd : ils l'ont vu. Elles sont intégrées au mot lorsque leur emploi est constant : vun, vounje. Les principales consonnes euphoniques sont :
  • z- la plus employée car fréquente dans la conjugaison.. L'Ouest de la Basse Auvergne, les Limagnes et leur zone de décalque occidentale sont les parties de l'Auvergne qui l'utilisent le plus systématiquement. D'origine clermontoise, elle s'est étendue jusqu'à une ligne approximative Bort - Planèze de Saint-Flour - Ribeyre de Langeac - Sud du Devès. De là, la limite remonte verticalement par Allègre et la ligne de faîte du Livradois, car les parlers orientaux ne la pratiquent pas ou très exceptionnellement. Elle dérive de l'ancien -s pluriel, mais son emploi actuel n'a plus rien à voir avec lui : déjà au milieu du XIX° siècle Roy spécifiait l'absence de liaison par -s en cas de pluriel.
  • v- existe partout, mais sert moins largement : dou v-an, vou (deux ans, le). Remplit les fonctions de z- à l'Est, mais avec moins de généralité. Son existence relève d'un fait plus général, l'instabilité de v qui tantôt disparaît, tantôt est rajouté.
  • d- se rencontre surtout à l'Ouest : d-esse, d'à Brifon (être, à Briffons ou de Briffons, selon le contexte). Provient de la préposition de.
  • l- surtout limagnaise et péri-limagnaise, mais pouvant être employée partout du fait de la facilité de prononciation de l consonne liquide : l-esse, l-amâ (être, aimer). Provient de l'article défini le.
  • g- caractéristique du Mauriacois et d'emploi limité : go :le (pronom neutre). Provient de l- qui se transforme en g dans cette contrée entre voyelles.
  • n- surtout sur la bordure du Nord et du Nord-Est. Provient de l'article indéfini én devenu n' devant voyelle : n'abre : un arbre (emploi comme article partout en Auvergne); queu vedê n-eirigoei : ce veau étique (emploi comme consonne anti-hiatus). Ne doit pas être confondu avec la réapparition en liaison du (n) non prononcé - et écrit pour cette raison entre parenthèses - des mots dont le féminin se termine en -nà : én boun ome : un brave homme. N est prononcé ici, donc n'est pas entre parenthèses. Mais : qu'ei prou bou(n) : c'est très bien.
On voit donc qu'aucune partie de l'Auvergne n'ignore ce procédé qui, malgré la diversité de ses réalisations, peut être considéré comme pan-auvergnat, résultant d'une évolution tout aussi générale de réduction consonantique et par conséquent représentatif au plus haut point de l'originalité de la langue auvergnate.
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