Lexique identitaire

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MOULINS et YZEURE

Le nom de Moulins n'apparaît qu'en 990-991, mais Yzeure (Iciodoro) était (son nom l'indique) un marché gaulois clos et fortifié à la rencontre de deux grands faisceaux de chemins protohistoriques, NE - SO et SE - NO, confluant pour passer l'Allier à gué. Un autre gué spécialement important était au voisinage, près de Toulon-sur-Allier. Plusieurs ponts ont précédé le célèbre pont Régemortes (1755-1765) du nom de son constructeur et la ville fut un port fluvial d'importance à l'époque moderne, ne faisant que reprendre le rôle de ses prédécesseurs qui expédiaient dans tout l'Empire romain les statuettes de terre blanche fabriquées à Yzeure, Avermes et Toulon-sur-Allier. La première fonction fut donc commerciale et liée aux échanges à grande distance. La seconde fut militaro-administrative : château des ducs de Bourbon, bureaucratie déjà moderne d'officiers au service d'une dynastie qui transposait intelligemment l'exemple capétien. Elle survécut à la chute du duché bourbonnais (1527) à travers la grande Généralité de Moulins, une circonscription digne d'intérêt réunissant le Bourbonnais et la majeure partie de la Marche et du Nivernais : elle était pertinente, car elle rassemblait les terres d'élevage que la Reconstruction des campagnes rendait complémentaires du Bassin Parisien et regroupait deux types de société paysanne assez complémentaires : la paysannerie autarcique et migrante des confins auvergnats et les terres peu peuplées mais en voie d'amélioration agricole de la bordure du Bassin Parisien. La route des Intendants Autun - Moulins - Limoges semblait l'instrument d'un développement économique moderne, possible en la fin du XVIII° siècle. Cette période fut prospère : en témoigne l'architecture d'hôtels particuliers de briques roses et noires, d'une haute valeur identitaire et qui, largement imitée, a donné son aspect le plus attachant à la Sologne bourbonnaise. De vastes plans urbanistiques étaient même en projet à la veille de la Révolution. Celle-ci plongea Moulins dans la stagnation, en ne lui laissant qu'un rôle de chef-lieu départemental dans un système centralisé. Ce qui contribua à maintenir la ville, c'est le "bocage moulinois", vaste ellipse NO - SE à cheval sur les plateaux occidentaux du socle et sur la plaine d'Entre - Loire - et - Allier. Moulins était la résidence de grands propriétaires dont la plupart cherchaient à améliorer l'exploitation de leurs terres et ses foires écoulaient leurs produits. Il en reste le concours prestigieux de la race charolaise au parc des Isles : ainsi, le commerce à base régionale remplaçait celui à grande distance. L'industrialisation a été tardive (pendant les Trente Glorieuses), partielle (elle n'atteignit jamais 20 % de l'emploi urbain total) et mal accrochée : des crises à répétition ont successivement amoindri cette importance toute relative. Comme partout, l'urbanisation actuelle s'étale largement sur les campagnes voisines, ce qui permet de considérer que l'agglomération, bien desservie (chemin de fer, routes) est au croisement de deux axes essentiels : la RN 7, pourvue d'une belle déviation heureusement placée au large et la RCEA (route Centre-Europe - Atlantique), plus d'autres routes moindres comme la RN 9. Cela permet à la ville de conserver une zone d'influence étendue représentant presque la moitié septentrionale et orientale du département de l'Allier. Moulins est indiscutablement une capitale culturelle à l'échelle régionale, grâce à son patrimoine (cathédrale et le très riche ensemble d'églises du Bocage moulinois, musées importants, monuments urbains divers, châteaux ruraux du voisinage) et à des traditions d'érudition qui ont fait leurs preuves avec la Société d'Emulation du Bourbonnais et plusieurs revues ("Bulletin" de la société précitée, Notre Bourbonnais...) accumulant une documentation de grande importance sur le passé bourbonnais et sur les caractères durables de la contrée.
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