Lexique identitaire

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CELTIQUE, CELTES, GAULOIS

1. Après de nombreuses tergiversations, on a dû revenir à la justesse du texte de César :
  • "le peuple qui dans sa langue se nomme celte et dans la nôtre gaulois". Ainsi, Gaulois, comme Welche, Boche etc., est une dénomination étrangère plus que probablement dépréciative, bien que le mot soit issu d'après Ernout et Meillet (Dictionnaire étymologique de la langue latine) d'une racine verbale signifiant "appeler". L'étymologie celtique de "Celtes" est controversée. Ce pourrait être "guerriers" (Sergent B. : Les Indo-Européens, Paris, Payot 1995).
  • Après avoir cité les Belges, les Aquitains, les Celtes, César affirme : "Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois". On sait depuis longtemps que les Aquitains étaient des non - Indo-Européens apparentés aux Basques actuels. On a beaucoup discuté des Belges : les noms connus de leurs chefs étant celtiques, les noms de certaines tribus ayant été interprétés par le germanique, on y a vu des Celtes d'après César, des Germains en dépit d'une multitude d'impossibilités, en généralisant le fait que quelques tribus germaniques avaient franchi le Rhin dès la fin de l'ère pré-chrétienne. Comme toute novation véritable est d'abord accueillie par le tollé de ceux qu'elle dérange, l'étude du savant allemand Hans Kuhn (Westfälische Forschungen 1959) a d'abord été rejetée avec violence, puis a suscité des ralliements progressifs : par un examen détaillé de l'onomastique des Belges, il semble avoir démontré que ce peuple était une branche des Italiotes qui n'avait pas suivi le gros de la troupe au Sud des Alpes, mais s'était mêlée à la migration gauloise (ce qui implique d'ailleurs certains mélanges avec les Celtes : cp. les mélanges de tribus diverses des Grandes Invasions; et on se rappellera aussi qu'il y avait originellement un groupe italo-celtique au sein des Indo-Européens).
2. Il en résulte que le véritable pays de "nos ancêtres les Gaulois" s'étendait de la Seine à la Garonne. On est frappé par la coïncidence territoriale avec l'extension originelle la plus vaste de l'aire médioromane. Car si l'on peut pour l'essentiel suivre Bodo Müller lorsqu'il rappelle que les caractères des idiomes néo-latins dépendent avant tout des conditions de la romanisation, il se pourrait fort bien qu'il y eût aussi dans l'originalité linguistique de la France médiane (Médioromanie) un fait de substrat à côté de la disposition zonale des grandes voies romaines qui l'irriguaient et de l'organisation en grandes provinces impériales qui se contentaient de subdiviser l'ancienne Celtica sans la disloquer. On remarque d'ailleurs que les plus grandes tribus étaient rassemblées dans la Celtica, que c'est dans ce territoire et plus précisément en son centre que se trouvaient les sièges de l'ancienne royauté sacrée (v. Berry et Bituriges), de l'influence des Druides (la forêt des Carnutes), de la puissance de l'aristocratie militaire (Confédération arverne, v. Arvernes). On doit aussi rappeler l'importance du réseau de grands chemins protohistoriques NE - SO qui unissait la nouvelle patrie "gauloise" des Celtes à l'ancienne patrie centre- européenne. Après avoir ergoté à l'époque de la rivalité franco-allemande, les savants allemands reconnaissent maintenant que leur langue a évolué sous l'influence d'un substrat en fait celtique. Au-delà de la Médioromanie qui dans son principe dépassait le territoire français vers la Cisalpine et les Alpes rhéto-romanes, il semble bien y avoir une Europe médiane, avec en filigrane un substrat celtique sur lequel l'ouvrage de Venceslas Kruta : Les Celtes, histoire et dictionnaire a apporté des indications substantielles et précises.
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