Lexique identitaire

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CIRCULATION LENTE

Cette acquisition capitale de la science historique récente nous concerne directement. Le transport par animal de bât, la circulation à pied et même à cheval ont longtemps limité l'horizon des relations, privilégié les rapports à courte et moyenne distance plutôt que ceux à longue distance, surtout après la chute du système colonial romain et de son marché unifié de traite. Il était donc inévitable que le latin remplaçant progressivement le gaulois se fragmente régionalement, à l'intérieur des espaces courants de relation. L'immigration de gens en provenance de diverses parties de l'Empire (légionnaires, administrateurs, commerçants) variant dans chaque région le milieu "latin" qui donnait le ton, la ruine des écoles à partir du III° siècle, puis la chute de l'Empire accrurent les effets de cette fragmentation. Il faut bien évaluer le jeu antagoniste de deux séries de faits : 1. Une seule langue d'origine, le latin, c'est pourquoi les langages des territoires romanisés étaient initialement moins différents qu'ils le deviendront par la suite, même en tenant compte des combinaisons différentes des "niveaux de langue" (ce qui restait argotique ici pouvait devenir la norme ailleurs). 2. Inversement, la combinaison de plus en plus libre des idiomes locaux avec les niveaux de langue importés par les couches dominantes variaient les résultats obtenus; la régression du marché unique de l'Empire romain en marchés régionaux supprimait de plus en plus les possibilités de correction des déviances par le contact. 3. Il faut tenir compte aussi de la grande importance des villes principales, sièges de l'administration romaine, des relations entre elles et de leur zone d'influence administrative (les grandes provinces de l'Empire : Aquitaine, Lyonnaise, Séquanaise) dans le processus de romanisation. Les résultats peuvent s'exprimer ainsi :
  • A l'intérieur de l'aire médioromane (voir aussi Cisalpine) un découpage s'esquissa en trois secteurs : Est (Lyon, Vienne, Besançon), Centre (Bourges, Clermont), Ouest (Poitiers, Saintes, Limoges : voir Limousin).
  • L'aire arverno - berrichonne centrale comprenait l'essentiel du territoire de l'Aquitaine première et de ce qui avait été à l'origine les civitates des anciens alliés Arvernes et Bituriges, y compris les dépendants de Arvernes (voir Confédération arverne).
  • Très tôt aussi s'est esquissée la division de cette dernière en trois bandes : nord (berrichonne, principalement irriguée par les voies lyonnaises); centre (auvergnate, combinaison des voies lyonnaises - viennoises et rhodaniennes par les Cévennes); sud (où l'influence des voies rhodaniennes, sans être exclusive, devenait prépondérante).
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