Lexique identitaire

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PAYSAGES

  La dégradation actuelle des paysages sous l'effet de l'urbanisation sauvage et de l'embroussaillement des plateaux suscite la nostalgie des paysages humanisés propres et harmonieux légués par l'ancienne société paysanne. D'où des argumentation de type répressif destinées à combattre cette tendance spontanée : les paysages doivent évoluer sous la pression de l'économie et vous êtes des crétins arriérés ("frileux et ringards" dans le jargon convenu du terrorisme intellectuel) si vous avez de la peine à l'admettre. Il est certain que les paysages évoluent sans cesse, qu'il s'agit d'un phénomène objectif. Par contre, est-il inévitable que le mitage péri-urbain banalise de grandes étendues, que les décharges sauvages se multiplient en dépit de réglementations tracassières pour ceux qui n'en sont pas responsables, que les plantations en timbre-poste évincent l'agriculture, que la taille minima des lots à construire dévore l'espace campagnard afin de réduire l'espace agricole à subventionner, etc...? Il faudrait remettre les choses à l'endroit : tout changement n'est pas positif. Il faudrait aussi ne pas se limiter à des vues partielles ou superficielles. A la recherche d'une synthèse "opérationnelle" pourraient contribuer les constatations suivantes :
  • La majeure partie des paysages auvergnats sont ouverts. Le bocage est ou bien localisé, ou bien intrus dans nos régions (surtout celui de thuya des lotissements pavillonnaires !). Le bocage bourbonnais est plus lâche que les fanatiques de la haie veulent le prétendre.
  • Il y a deux types d'évolution du paysage :
A l'intérieur d'une même fourchette : les composantes du paysage peuvent changer, mais il garde ses traits essentiels, ouverts ou enclos. Par basculement d'un aspect à un autre. Ce n'est pas seulement un changement visuel, mais la traduction d'un bouleversement total de l'occupation de l'espace et de l'attitude de la société vis-à-vis du milieu. Par exemple les reboisements massifs et l'ensauvagement de vastes étendues, expression d'une crise de l'emprise humaine sur le milieu. Chaque société s'invente des justifications pour tout ce qu'elle commet. La déification de la "Nature", prise dans son acception sauvage, les fables en rupture avec l'expérience des générations précédentes sur certains animaux reconnus unanimement comme nuisibles jusqu'à une date très récente, loin d'être une prise en compte d'une écologie réellement scientifique, sont le déguisement d'un désengagement et d'une déresponsabilisation de l'homme actuel vis-à-vis du milieu et d'intérêts de groupes qui n'ont rien à voir avec celui de l'ensemble de la société.
La mentalité du "peuple profond" de l'Auvergne a toujours été de préférer la campagne, création continue harmonieuse d'une société qui maîtrise intelligemment son espace à la sauvagerie implacable de la prétendue "biodiversité" avec ses concurrences féroces, ses "mâles et femelles dominants", ses "marquages de territoire", ses fourrés impénétrables sous prétexte d'être régénérés spontanément et autres fariboles télévisuelles inhumaines.  
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