- « PARADIS »
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- PASCAL Blaise
- PASSé défini / simple / prétérit
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- PERDRIX François (1669 – vivait encore en 1729)
- PEROUX-BEAULATON Louis (1872-1946)
- PIQUAND Georges 1876 – 1955
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- POURRAT Henri 1887 – 1959
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- PUY-DE-DÔME et BASSE AUVERGNE
PELERINAGES
Ces démonstrations de la dévotion populaire sont un vaste sujet qui mériterait un gros ouvrage. On n'aura ci-après qu'une introduction vue sous l'angle identitaire qui est le fondement de ce travail.
1. Les pèlerinages héritent d'un vaste courant pré-chrétien. Il est encore facilement observable à travers une multitude de pèlerinages locaux, principalement dans les "campagnes profondes" de l'Ouest arverno-bourbonno - marchois où des chapelles témoignant de miracles accomplis par des saints souvent légendaires (jaillissement de sources, empilements de rochers considérés comme des ruines de temples païens détruits par l'intervention divine à la prière de ces saints) avaient acquis des vertus curatives exprimées parfois naïvement (Saint Clair guérissant les maladies de la vue). Les Légendes bourbonnaises du Dr. Piquand, le Dictionnaire statistique et historique du Cantal de Deribier du Chatelet en recensent une riche série. Mal vus et souvent combattus ouvertement par l'Eglise, ils ont disparu pour la plupart au XIX° siècle. C'est un recueil extrêmement important de procédés de christianisation en milieu rural fruste, la plupart de ces lieux et de ces saints recouvrant des emplacements des cultes païens naturalistes et de divinités antérieures christianisées.
2. Quelques grands saints chrétiens comme Martin, Julien, Georges se sont vu attribuer des miracles analogues et ont pareillement assimilé des cultes anciens. On peut penser que ces adjonctions à leur biographie officielle ne sont pas pour rien dans un discrédit plus ou moins organisé : quand on connaît la popularité immense et prolongée de Saint Martin en Gaule et qu'on constate à quel point il est oublié, remplacé par la célébration de l'armistice de 1918 on est amené à se demander s'il n'y a pas eu dans cet effacement une collaboration de fait entre des milieux anticléricaux, virulents au début du XX° siècle et un fraction des milieux ecclésiastiques qui jugeaient bonne l'occasion de se débarrasser d'un culte soupçonnable de traîner des relents (rajoutés) de paganisme.
3. Les pèlerinages qui restent les plus importants et les plus fréquentés, ceux qui n'ont guère été atteints par les aléas de la déchristianisation, sont ceux qui honorent la Vierge Marie (Le Puy, ND du Port et, en plus populaire et rural, Orcival, Vassivière, La Font-Sainte, Estours entre autres). Ce n'est pas seulement parce que la Vierge est spécialement l'objet de la vénération des femmes, souvent les plus attachées à la religion au moins dans les générations d'âge moyen et élevé : les hommes sont nombreux à de tels pèlerinages. La Vierge est la personne céleste symbolisant le mieux l'accessibilité aux prières, la commisération aux malheurs des humains.
4. Chaque pèlerinage a son aire de recrutement. Même ceux du Puy, les plus importants et les plus largement attractifs, ont une fréquentation très majoritairement issue d'un rayon régional. L'étude de ces aires est extrêmement riche en enseignements: directs sur les cercles traditionnels de relations de différents niveaux; indirects lorsqu'on les confronte à d'autres faits ethnographiques ou socio-psychologiques géographiquement circonscrits. L'aréologie des pèlerinages est essentielle pour cerner les traits identitaires des diverses parties de l'Auvergne.
5. La série remarquable de Chroniques arverno-marchoises fournie par le regretté M° Jacques Dallier à la revue Bïzà Neirà a mis en relief un certain renouveau d'intérêt pour les petits pèlerinages ruraux, parallèle à celui pour grands pèlerinages (comme celui de Chartres), mais motivé différemment : même des laïcs creusois convaincus ont participé à des restaurations de chapelles et "viennent voir", sans intention de persiflage. Il semble que cela soit à mettre en rapport avec le sentiment d'isolement et d'abandon qui étreint les campagnes dépeuplées et avec la volonté compensatoire qu'il fait naître d'oublier momentanément au moins ce qui sépare et de se retrouver avec des gens connus sur un projet commun, apte à susciter quelque réaction envers l'apathie générale. Peut-être l'Eglise elle-même ne serait-elle pas mal inspirée de tenir compte de telles données.